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Talents - Article - Mardi, 23 Décembre - 10:48
Convaincre des familles qui parfois n’ont jamais vu un appareil photo de vider leurs maisons en plaçant tous leurs biens à l’extérieur, puis de poser au milieu de leurs meubles, c’est ce à quoi s’est employé le photographe Huang Qingjun. De 2003 à 2012 cet artiste originaire de Daqing et membre de l’Association des photographes chinois a parcouru tout son pays pour proposer à des familles d’exposer leurs intérieurs et de poser pour lui. Ce projet un peu fou baptisé « Family Stuff » a permis à Huang Qingjun de se faire connaître du grand public mais aussi de trouver sa vocation dans la photographie réaliste qui pour lui témoigne des évolutions de la société chinoise.
La commande qui a changé la vie de Huang Qingjun
Avant de devenir un photographe en vue aussi bien dans son pays qu’à l’étranger, Huang Qingjun comme beaucoup de jeunes artistes vivait de commandes passées par les magazines. En 2003, le National Geographic China demande au photographe 4 clichés de familles chinoises placées devant leurs maisons avec tous leurs biens autour d’eux. Le magazine réclame un travail très précis et a même déjà choisi les lieux où seront prises les photos. Huang Qingjun doit photographier 3 familles à l’Est du pays et une famille en Mongolie.
Le jeune photographe s’exécute mais il est rapidement dépassé par sa mission, le projet l’enthousiasme. Huang Qingjun veut aller plus loin et ne veut pas se contenter des quatre photos demandées. Il se consacre à ce projet et pour cela, il arpente toute la Chine et s’attache à aller à la rencontre de familles issues de milieux très différents que ce soit économiquement mais aussi culturellement. Entre 2003 et 2012, il photographie 35 familles et utilise ces clichés pour réaliser une série de photos qui va connaître un grand succès.
La petite commande passée par le magazine National Geographic China a donc été l’étincelle qui a permis à Huang Qingjun de trouver sa voie et par là même de s’épanouir au contact de ces familles tout en rapportant des images très fortes qui ont fait sensation dans les nombreux expositions où elles ont été présentées.
La méthode Huang Qingjun
Pour réaliser ses photos, Huang Qingjun utilise un film 120 mm et une chambre photographique 8×10. Si ce dernier aime travailler à l’ancienne avec du matériel qui est aujourd’hui très peu utilisé, ce qui est surtout intéressant dans la « méthode Huang Qingjun » est ce qui se passe en dehors de la photographie.
Pour les besoins de cette série Huang Qingjun a voyagé dans des zones très reculées où la photographie était quelque chose d’inconnue. Le photographe a alors dû convaincre ses interlocuteurs qui n’avaient jamais vu une chambre photographique de participer à son projet. Au-delà du travail photographique, Huang Qingjun a surtout appris l’art de convaincre les personnes en face de lui. Il fallait d’une part que les modèles acceptent de poser mais aussi qu’ils acceptent de vider leurs maisons et de le laisser photographier leurs objets, leurs meubles, leurs ustensiles et même leurs animaux.
Le rapport entre le photographe et ses modèles est donc particulièrement intéressant dans la méthode Huang Qingjun. Le photographe ne pouvait pas se comporter avec les familles qu’il photographiait comme un professionnel de mode en face d’un mannequin.
Etudier une société en pleine mutation
En demandant à toutes les familles d’exposer leurs biens en extérieur, et de poser au milieu de leurs meubles, Huang Qingjun a réalisé des photos à la fois très esthétiques mais qui sont aussi de vrais supports de réflexion. Ces images montrent une occidentalisation galopante du mode de vie des chinois. La place grandissante de la télévision dans les foyers et de divers objets de consommation permettent d’identifier l’émergence d’une classe moyenne. Tous ces éléments sont la base d’une réflexion sur le mode de vie actuel des chinois qui connaît de profonds bouleversements.
Parce qu’il montre une réalité brute sans trucage mais aussi car son travail met en évidence les mutations de la société, les Chinois ont été nombreux à assister aux expositions d’Huang Qingjun. Son succès à même dépassé les frontières puisqu’il a été exposé en Europe. Le photographe n’exclue pas de reprendre son boitier et de repartir sur les traces des familles qu’il a photographié pour recommencer son expérience et voir quelles sont les dernières évolutions.
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Talents - Article - Mardi, 23 Décembre - 10:48