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Talents - Article - Lundi, 19 Mai - 13:44
Weegee de son vrai nom Usher Fellig, a été durant des années le photographe des scènes de crime dans le New York de la Grande Dépression. Il a passé sa vie à dépeindre la facette la plus sombre de la Big Apple. Toujours dans sa voiture, Weegee ne croyait qu’en l’instantanéité, il était le premier sur les scènes de crime et c’est ainsi qu’il est devenu le photographe star des rédactions des journaux new-yorkais qui s’arrachaient ses clichés.
De développeur photos en laboratoire à photojournaliste sur le terrain
Immigré aux Etats-Unis en 1910, et issu d’une famille modeste, Usher Fellig comme tous les jeunes hommes expatriés de sa génération abandonne rapidement les bancs de l’école pour travailler et ainsi subvenir aux besoins de sa famille. Alors qu’il a déjà à son actif plusieurs petits boulots, un photographe ambulant l’arrête un jour dans la rue et lui demande de se laisser photographier.
C’est le déclic pour le jeune homme qui décide de vouer sa vie à la photographie. Il fait alors des pieds et des mains pour se faire engager dans un studio photo. Son insistance finit par payer, il est embauché alors qu’il n’a que 19 ans. Son travail consiste à développer des photos en restant coincé dans un laboratoire. Mais pour le jeune homme, ce premier travail est l’occasion d’apprendre toutes les techniques du tirage.
Riche de cette première expérience, en 1923 alors qu’il n’a que 24ans, celui qui deviendra Weegee est employé par une grosse entreprise. ACME Newpictures l’emploie pour développer les négatifs de photographes professionnels. Mais cet emploi va lui apporter plus qu’un simple poste en laboratoire. Il obtient la possibilité de se rendre sur le terrain pour couvrir des événements lorsqu’aucun autre photographe n’est disponible. Ces quelques occasions lui suffisent pour convaincre son employeur de son talent. A 27 ans, l’agence lui propose un poste de photographe à temps plein. Usher Fellig se distingue rapidement, talentueux et extrêmement réactif, il est le premier sur tous les événements. C’est là qu’il devient officiellement Weegee.
Un photographe libre qui choisit ses sujets
Alors qu’il commence à se faire un nom et à s’imposer professionnellement, Weegee ne supporte pas l’idée que ses photos ne soient pas réellement sa propriété, ni que son nom n’apparaisse pas sur ses clichés. En 1935, il prend une décision radicale, alors qu’il n’est encore qu’à l’aube de sa carrière, il décide de devenir photographe indépendant et se défait de son contrat avec ACME Newpictures.
Indépendant, Weegee ne peut plus compter sur les agences pour travailler. Très vite, il a compris que de sa réactivité dépendrait son succès. Etre le premier sur le terrain est donc la clé de son succès. Ce qui va faire de lui la star du photojournalisme, c’est avant tout ses idées pour ne pas perdre de temps. Tout d’abord, il fait de sa voiture son lieu de travail, équipé d’une radio il capte les appels de la police, ce qui lui permet d’arriver en même temps que les forces de l’ordre sur les scènes de crime. Si Weegee est le premier sur place, il doit aussi être le premier à proposer ses clichés aux journaux new-yorkais. Là encore, le jeune homme va trouver la solution dans sa voiture. Il aménage le coffre et en fait une chambre noire pour développer ses pellicules. De cette manière, il se présente tous les jours dans les rédactions avant 6 heures du matin pour y proposer son travail afin que ses clichés paraissent dans la première édition.
Son terrain de jeu : New York
Son sujet d’investigation : la vie nocturne et les faits divers
New York devient le terrain de jeu de Weegee, dans une Amérique qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la Grande Dépression, il est le témoin de la montée du chômage et de la violence mais aussi des tensions raciales, dans des quartiers pauvres où se côtoient des immigrés venant de tous les pays d’Europe.
Il répond aux exigences des journaux new-yorkais qui attendent de la part des photojournalistes une peinture très réaliste de la société, ce qui signifie également qu’il faut savoir travailler sur toutes les classes sociales. Weegee est libre de ses choix et décide mettre à profit cette liberté en se concentrant sur les faits divers et la vie nocturne de la ville. Il passe ses soirées dans les lieux de débauche comme les cabarets, mais aussi les restaurants fréquentés par les milieux mafieux, il se rend également dans les refuges de nuit où se dresse devant lui la misère new-yorkaise.
Mais c’est avant tout en tant que photojournaliste de faits divers que Weegee s’est fait un nom. Pendant des années, il a côtoyé des enquêteurs et des policiers sur les scènes du crime. Il est devenu « Monsieur Faits Divers ». Pour donner une vision complète des faits, Weegee photographie aussi bien les victimes que les gangsters et même les passants à proximité des scènes de crime.
Photographier un monde qu’il connaissait bien
Sa passion pour les faits divers s’explique en grande partie par l’histoire d’Usher Fellig. Né en 1899 dans la ville de Zloczew, faisant partie de l’empire austro-hongrois, il n’a que onze ans quand il fuit la montée de l’antisémitisme qui sévit en Europe. Avec sa mère et ses trois frères, il arrive à Ellis Island en 1910 pour rejoindre son père rabbin qui s’est installé aux Etats-Unis.
Elevé dans les quartiers pauvres de New-York au milieu de nombreux immigrants, il est renommé Arthur à son arrivé dans le nouveau monde. Confronté à la pauvreté de son milieu, il abandonne l’école alors qu’il est encore jeune et commence à travailler pour rapporter de l’argent à sa famille. Il exerce différentes professions : vendeur de voiture, confiseur… Avant de se découvrir une passion pour la photographie.
Sa volonté de photographier la face cachée de New York vient quant à elle du fait qu’il connaît d’expérience les quartiers pauvres de la ville. Weegee est encore jeune quand il quitte le foyer familial. Ne supportant plus le rigorisme religieux de son père, il part vivre seul et n’a pas les moyens de se loger. Il découvre très jeune la vie de SDF.
Si son nom est aujourd’hui associé à l’émergence du photojournalisme, Weegee a surtout tenté de mettre en lumière sa vision de New York, la ville que lui connaissait bien. Il est décédé en 1968, retrouvé dans un appartement du quartier de Hell’s Kitchen. Là encore même à la fin de sa vie, c’est dans un quartier très pauvre bordé par l’Hudson River et peuplé de migrants irlandais qu’il a été retrouvé. C’est dans ce même quartier qu’en 1965 une guerre des gangs avait éclaté entre un groupuscule ultra-violent irlandais et la famille italienne Gambino, une organisation criminelle mafieuse.
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Talents - Article - Mardi, 23 Décembre - 10:48